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Rwanda, dix ans après

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Colette Braeckman - Monsieur le Président, vous entamiez une visite officielle en Belgique le jour même où le journal Le Monde a publié des extraits de l'enquête du juge Bruguière sur la destruction de l'avion du président Habyarimana. Ces passages vous accusent d'avoir commandité cet attentat. Qu'y répondez-vous ?
Paul Kagamé - Je me contenterai de répéter, une nouvelle fois, que le Front patriotique rwandais et moi-même n'avons absolument rien à voir dans cet attentat. Si l'on souhaite savoir la vérité, que l'on interroge ceux qui se trouvaient à ce moment-là à l'aéroport de Kanombe - les Français, les Belges, l'ONU ! Ma réaction à ces " révélations " est franche : je pense que ceux qui ont rendu ces allégations publiques sont aussi méprisables que ceux qui les ont rédigées. Oui, j'estime que de telles manœuvres sont parfaitement sordides. De toute manière, à mes yeux, ce n'est pas cet attentat qui a provoqué le génocide. Ce dernier était en préparation depuis longtemps. Il aurait eu lieu dans tous les cas de figure. On peut même dire qu'un génocide larvé se déroulait depuis 1959, année où les Tutsis ont commencé à être massacrés et chassés du pays.
C. B. - D'après vous, qui a inspiré la publication de ce rapport ? P. K. - Lors de mon entrevue avec le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, nous nous sommes interrogés sur les raisons profondes de ces fuites. Je n'en vois qu'une : à Paris, certains ont du sang sur les mains et tentent de le camoufler en faisant passer les victimes du génocide pour les bourreaux... Comme vous le savez, la France n'a jamais voulu reconnaître ses responsabilités dans ce qui s'est passé au Rwanda (3). Elle n'a jamais modifié sa position et, depuis dix ans, elle ne nous a nullement aidés à reconstruire le pays. La publication de cette enquête me paraît le fruit d'une intention politique des autorités françaises.
C. B. - Ces révélations pourraient perturber vos relations avec la France ! Et pourtant, le 12 septembre, lors de votre prestation de serment, on vous a entendu prononcer quelques phrases en français. S'agissait-il d'un signal politique ? P. K. - Si j'ai tenu à prononcer mon discours d'investiture en kinyarwanda, la langue de tous les Rwandais, mais aussi en français et en anglais, c'est pour bien signifier deux choses : premièrement, que le Rwanda doit être ouvert sur le reste de la planète ; et, deuxièmement, qu'il n'appartient pas plus à la francophonie qu'au monde anglophone. Les langues étrangères sont une richesse et un outil de développement phénoménal. C'est pourquoi notre enseignement se fait désormais en trois langues. Je n'ai aucune préférence entre le français et l'anglais et si c'est en anglais que je m'exprime le plus souvent, c'est dû uniquement au fait que j'ai été exilé dans un pays anglophone. Il s'agit d'un accident de l'histoire et non pas d'une préférence personnelle. Ce que j'ai voulu exprimer dans ce discours, c'est la volonté d'unité de notre …