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UNE CRISE SI PROFONDE...

$ Pour les économistes, la crise est d'abord un concept avant de devenir une réalité maudite. C'est le lieu du conflit, de l'ambigüité des théories, des ruptures profondes, de l'irréversibilité du temps, de l'apparition de nouveaux systèmes. Ceux qui rêvent d'une explication unique l'assimilent à une simple pathologie. D'autres, moins nombreux, y voient un instant privilégié, celui de l'apparition de l'incertain, de nouvelles formes de la régulation économique, de règles sociales différentes.Un clivage fondamental traverse donc les courants de pensée : pour les uns, il ne s'agit que de fluctuations plus prononcées que les précédentes - de « turbulences » ; pour les autres, une césure a bien eu lieu. Dans cette dernière perspective, subversive par rapport à la pensée dominante, l'ancien appareil de régulation n'est plus apte, mécaniquement, à ramener le système autour de sa valeur d'équilibre. Mais toute pensée, même révolutionnaire, rejoint pour la crise suivante la cohorte des recettes déjà essayées ou censées l'avoir été. C'est le cas du keynésianisme qui, le temps d'une génération, est passé du statut de vraie rupture à celui de simple théorie des cycles. Il n'y a pas une annonce de plan de relance qui ne soit désormais qualifiée de « keynésienne ». Mais deux questions fondamentales se posent :
- Sommes-nous face à une crise structurelle ou non ? Et, si oui, quels sont les faits qui la caractérisent le mieux et quelles sont ses implications les plus probables ?
- Cette crise est-elle intrinsèquement liée à la mondialisation ? Autrement dit, est-elle due à une modification des rapports de force entre pays développés et pays émergents ? Dans le cas où le coeur de la crise se situerait principalement dans les pays développés, quels sont les moyens de financement des nombreux plans de soutien qui ne manqueront pas d'être proposés tout au long des mois à venir ?
Pour répondre à ces questions, quatre mots nous serviront de guides : systémique, liquidités, régulation et relances.
Systémique, parce que le terme rend compte de la gravité particulière de cette crise. Liquidités, parce que ce fut l'élément déclenchant des désordres actuels. Régulation, parce que l'organisation économique du monde ne peut perdurer et que le basculement vers de nouvelles formes de compromis entre les grandes puissances économiques - celles du passé et celles de l'avenir - nécessite des règles de fonctionnement nouvelles elles aussi. Les relances, enfin, sont une condition nécessaire mais non suffisante pour tenter de sortir de cette crise avec des niveaux d'intervention d'une ampleur insoupçonnée jusqu'alors.
Mais revenons à aujourd'hui. L'année 2008 aura été une incroyable année de rupture. Pas seulement à cause de l'exacerbation de la crise financière et de sa propagation vers l'économie réelle, mais aussi parce que trois événements majeurs la marqueront à jamais. En premier lieu, l'échec du cycle de Doha (1). Au-delà des raisons invoquées, il s'agit d'un véritable refus des règles du commerce international telles qu'elles furent imaginées par le monde occidental. Un autre phénomène bouleversa le paysage : l'incroyable volatilité des marchés énergétiques et …