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TIBET: LA VICTOIRE EN PRIANT

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Pierre-Antoine Donnet - Le peuple de Taiwan a démocratiquement élu un nouveau chef de l'Etat en la personne de Chen Shui-bian (1). Pour la première fois, un président taiwanais s'est prononcé, avant son élection, en faveur de l'indépendance de l'île, et donc d'une séparation définitive avec la Chine continentale. Comment percevez-vous ce scrutin, et peut-il représenter un espoir pour le Tibet ?
Sa Sainteté le Dalaï-Lama - Nous, Tibétains, avons entretenu des relations étroites avec la Chine pendant près de deux mille ans. Nous éprouvons du respect pour la civilisation chinoise. De ce point de vue, il est extrêmement encourageant de voir qu'un homme aux origines modestes comme le président Chen Shui-bian ait pu parvenir à de si hautes fonctions grâce à des élections libres. Son prédécesseur, le président Lee Teng-hui, fut en fait le premier dirigeant chinois élu lors d'un scrutin entièrement démocratique (3). Avec Chen Shui-bian, c'est la première fois qu'un candidat d'opposition accède au pouvoir. C'est une grande innovation pour le monde chinois. A l'évidence, la communauté chinoise dans son ensemble devient plus mûre. Ce scrutin s'inscrit aussi dans une tendance nouvelle à l'extension de la démocratie dans le monde, tendance à laquelle nul ne peut plus se soustraire durablement. J'y vois l'impact de la globalisation sur la civilisation chinoise. C'est très encourageant.
P.-A.D. - Quelles leçons en tirez-vous pour le Tibet ?
S.S.D.-L. - Lorsque j'ai visité Taiwan, il y a deux ans, j'ai déclaré sans la moindre ambiguïté que je ne recherche pas l'indépendance du Tibet. Car ce n'est pas dans l'intérêt des Tibétains, habitants d'une nation encore sous-développée et isolée. D'ailleurs, aucun Tibétain ne rêve d'une restauration de l'ancien système à Lhassa. Pour que le Tibet puisse se développer sur le plan matériel, il est préférable qu'il s'associe à une autre grande nation ou demeure à l'intérieur de la République populaire de Chine. Pour ce qui est de Taiwan, il me semble que, tant pour des motifs économiques que pour des raisons de sécurité, l'île devrait maintenir des relations uniques et étroites avec le continent chinois. Le concept d'indépendance totale est, à mon sens, obsolète. Le nouveau président taiwanais a au demeurant, fort sagement opté pour une politique plus modérée et une attitude de réconciliation à l'égard de Pékin. En tout cas, depuis sa prise de fonctions. Il fait preuve ici d'un pragmatisme bienvenu (4). Cela dit, il est bon qu'il reste ferme sur la question de la démocratie et de la liberté. De cette façon, la communauté internationale éprouvera une responsabilité plus grande dans la défense de la liberté et de la démocratie dont jouit la population de Taiwan.
P.-A.D. - Vous avez quitté le Tibet en mars 1959 avec l'espoir de rendre, un jour, la liberté à votre pays. Ne regrettez-vous pas d'être parti en exil ?
S.S.D.-L. - Aujourd'hui comme hier, je combats pour la liberté. Ce qui ne veut pas dire pour l'indépendance totale du Tibet. J'aspire à un certain degré de liberté qui garantirait, dans le cadre de la …