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L'HERITAGE AMBIGU DE BILL CLINTON

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A la fin de l'année 1998, Bill Clinton apparaissait aux yeux des Américains comme le meilleur président que l'Amérique ait connu, en matière de politique étrangère, depuis la Seconde Guerre mondiale (1). Devançant John Kennedy et Ronald Reagan, il effectuait, depuis les profondeurs du classement, une remontée de sept places par rapport à une enquête similaire conduite quatre ans plus tôt.
Comment expliquer un tel succès dans l'opinion? Est-ce la satisfaction économique générale, l'engouement contagieux pour la personnalité du président, l'absence de mémoire historique? Ou bien les Américains considèrent-ils vraiment la diplomatie de Bill
Clinton comme la meilleure depuis des décennies?
C'est assurément l'absence de crise internationale majeure, le relâchement - incomplet - du sentiment de menace qui pesait sur eux et, en effet, la bonne santé de l'économie qui motivent le jugement des Américains. Mais on ne saurait pour autant réduire à ces seuls facteurs l'appréciation positive qu'ils ont portée sur la diplomatie de Bill Clinton, car ses mérites sont réels. Quel héritage diplomatique Bill Clinton a-t-il légué à son successeur? Dans quel état a-t-il laissé la fonction présidentielle, l'outil diplomatique et les forces armées? Bref, dans quelle posture l'Amérique se trouve-t-elle à présent face au monde et quels sont les défis qui attendent George W. Bush?
Succès improbable, légitimité impossible
Le premier président de l'après-guerre froide suscite dans son pays, on le sait, des réactions si passionnées que l'évaluation de son bilan est souvent un exercice empreint d'esprit partisan. Au cours des derniers mois, plusieurs personnalités prestigieuses de tendance conservatrice se sont ainsi exprimées, à l'occasion de la campagne présidentielle, pour évaluer le bilan diplomatique des huit années de présidence Clinton, y compris dans le dernier numéro de Politique Internationale (2).
Ces critiques fournissent un point de départ utile, tant par les problèmes réels qu'elles soulèvent que par les exagérations qu'elles présentent. Ainsi, l'un des leitmotive des critiques républicaines, c'est l'incohérence de l'action extérieure de Bill Clinton, l'absence d'un projet diplomatique global. Mais qui se serait risqué, dans le contexte international de l'après-guerre froide, à émettre des jugements définitifs sur l'état du monde et le rôle que les Etats-Unis doivent y jouer? Si personne n'a trouvé de substitut valable à la doctrine de l'endiguement, c'est simplement que le contexte international rendait cette tâche impossible, voire dangereuse. Rendre Bill Clinton responsable de cet état de fait, lui reprocher une absence de vision d'ensemble précise, c'est demander à un musicien de jouer la même partition dans des concerts différents. Enfin, une doctrine très générale, «engagement and enlargement», inspirait bel et bien l'action de l'exécutif, même si son application n'a pas toujours été très convaincante.
D'autres critiques républicaines commettent l'erreur d'assigner au président la responsabilité de tout ce qui va mal depuis la fin de la guerre froide. Même Richard Haass, constatant chez les Américains une «tendance croissante sinon à l'isolationnisme, du moins à l'indifférence», estime que «ce manque d'intérêt du public est probablement le pire aspect de l'héritage que [Bill Clinton] lègue à son successeur». C'est surestimer la capacité de …