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L'ESSOR DES NARCO-NUISANCES

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L'impact du commerce des drogues sur la corruption du politique, sur les conflits locaux ou régionaux, sur la dégradation des relations entre les Etats, a revêtu, dans les dernières années du XXe siècle, une ampleur qui a pris de court les analystes, y compris les plus pessimistes (1) . Lors de la session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGASS) consacrée, en juin 1998, aux drogues, quelque 120 chefs d'Etat ou de gouvernement sont intervenus à la tribune pour proclamer leur adhésion enthousiaste à la «guerre à la drogue». Environ quarante d'entre eux étaient pourtant, peu ou prou, impliqués dans des narco-activités.
Dix ans après la chute du mur de Berlin et l'espoir d'une ère de paix planétaire, la guerre civile colombienne, nourrie par l'argent de la cocaïne, menace de se transformer en conflagration internationale au coeur de l'Amérique latine. Les narco-mafias albanaises, qui coopèrent étroitement avec leurs homologues du sud de l'Italie, hypothèquent la reconstruction du Kosovo. La drogue produite en Afghanistan avec la bénédiction du pouvoir taliban sert, notamment, à financer les menées de groupes islamistes radicaux en Asie centrale, au risque de déstabiliser l'ensemble de la région. Quant à l'avenir de l'Afrique du Sud, il est l'otage du narco-trafic et de ses connexions avec d'autres activités criminelles. Les pays riches eux-mêmes ne sont pas à l'abri: les Pays-Bas et la Grande-Bretagne sont devenus les plus importants producteurs de drogues de synthèse pour le marché européen, et les soupçons de complaisance à l'égard des capitaux douteux n'épargnent ni de vénérables institutions comme la City Bank aux Etats-Unis (2) , ni certains établissements financiers basés à Monaco (3) ou à Jersey (4) .
Zones de production: la nouvelle donne
En dépit de la percée des drogues de synthèse (5) , la consommation mondiale de stupéfiants d'origine naturelle - cocaïne, héroïne et dérivés du cannabis - se porte bien. Simple usage ou toxicomanie sont, en effet, alimentés par des productions qui n'ont cessé de se développer au cours des dix dernières années. Le Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) a évalué la production afghane d'opium, pour l'année 1999 (6) , à 4565 tonnes, soit une augmentation de 80% par rapport à l'année précédente. Théoriquement, une telle récolte permet de fabriquer 456,5 tonnes d'héroïne pure. Devant ce chiffre, les Taliban eux-mêmes se sont émus et leur émir, Mollah Omar, a immédiatement décrété une diminution de la production de 30%. Certes, le rapport annuel (7) du PNUCID sur l'Afghanistan évalue la production 2000 à 3279 tonnes d'opium (8) , en baisse de 28% par rapport à 1999. Mais c'est pour faire aussitôt remarquer que ce recul a pour cause essentielle la sécheresse qui a touché la plus grande partie du pays, les surfaces cultivées ne diminuant en fait que de 10%. Ce qui n'a pas découragé Mollah Omar, qui vient de prohiber totalement la culture du pavot pour 2001.
Cette initiative lui a d'abord été dictée par l'évolution de la situation militaire. Depuis la fin de …