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WASHINGTON-TEHERAN: LE MARCHANDAGE OU LE CHAOS

$ Irak : le désastre. Telle est l'obsession, voire la certitude des officiels et des experts américains. Le fiasco est évident, massif, incontournable. La violence, brutale et vicieuse (attentats, enlèvements...), frappe sans relâche les soldats américains et, surtout, les Irakiens de la rue. Les haines communautaires entre chiites, sunnites et Kurdes déchirent une société à vif. L'éclatement du pays s'impose comme une éventualité très probable. Le piège que les États-Unis ont eux-mêmes créé en éliminant le régime de Saddam Hussein se referme inexorablement sur eux : s'ils restent, ils s'installent dans un cauchemar sanglant et interminable ; s'ils partent, ils abandonnent l'Irak dans un chaos qui ne saurait que s'amplifier et qui détruira le pays avant de se répercuter sur tout le Moyen-Orient. L'opération a été mal pensée d'un bout à l'autre : les Américains ont cru qu'une fois le dictateur renversé son pays se réveillerait démocratique ; quant à la reconstruction, elle devait se faire dans l'unité des Irakiens. Dans le langage des enfants, les États-Unis ont eu « tout faux » !En ce début de 2007, l'échec de l'Administration Bush est largement admis aux États-Unis. D'où, en mars 2006, la création d'un groupe de travail qui rassemble des sages de la politique américaine chargés en partie de « faire les comptes » : la commission Baker-Hamilton (Irak Study Group), composée de cinq Républicains et de cinq Démocrates et présidée par James Baker, ancien secrétaire d'État du président George H. Bush (1989-1992). En décembre 2006, la commission conclut: « Il n'existe aucune formule magique pour résoudre les problèmes de l'Irak, mais un certain nombre de mesures peuvent être prises afin d'améliorer la situation et de protéger les intérêts américains. »
L'histoire des hommes est toujours longue et tortueuse. Des défaites irrémédiables se retournent en victoires éclatantes. Rome, écrasée par Hannibal, notamment à Cannes (216 av.J.-C.), finit par triompher de Carthage, car sa puissance repose sur une force politique et militaire capable de se réorganiser face à la catastrophe. En 1940-1942, le Royaume-Uni et les États-Unis accumulent les défaites (Norvège, Grèce, Pearl Harbor, Singapour...) tant devant l'Allemagne hitlérienne que devant le Japon impérial ; trois ans plus tard, l'une et l'autre sont anéantis. En 1973-1975, la formidable puissance américaine capitule devant l'une des nations les plus pauvres de la planète, le Nord-Vietnam. Cette humiliation de l'Oncle Sam, diffusée dans le monde entier avec les images des hélicoptères fuyant Saïgon, ne sera finalement qu'un épisode du feuilleton Est-Ouest qui aura mis aux prises Washington et Moscou pendant près de quarante ans. D'ailleurs, en 1989-1991, l'Occident l'emporte de manière écrasante. Le colosse soviétique s'écroule sous le poids de ses rigidités et de son incapacité à intégrer les mutations techniques, économiques et financières de la globalisation. L'URSS, qui a fait si peur, n'est qu'un tank rouillé ! Quant aux États-Unis, leur obstination et leur stratégie d'endiguement (containment) ont finalement payé.
Alors qu'en est-il de la « défaite » des États-Unis en Irak et au Moyen-Orient ? Cette « défaite » est-elle totale et définitive …