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SANT'EGIDIO : DES DIPLOMATES TRES DISCRETS...

Fondateur, en 1968, de la communauté ecclésiale Sant'Egidio qui s'est fait connaître dans le monde entier pour son engagement humanitaire et ses efforts de médiation en faveur de la paix, Andrea Riccardi est un maître à penser de l'action catholique. À 62 ans, ce professeur d'histoire contemporaine est une figure incontournable des mouvements de pensée qui gravitent autour du Vatican. Défenseur infatigable de la cohabitation religieuse et de l'ouverture vers l'islam, il a consacré plusieurs ouvrages aux complexités du monde musulman. Dans Vivre ensemble (Desclée de Brouwer, 2010), il souligne que « considérer l'islam comme un problème global relève d'une simplification due à notre culture et à notre ignorance » et que c'est le meilleur moyen d'« assurer le succès du radicalisme dont Ben Laden représente le point culminant ». Dans le domaine diplomatique, Andrea Riccardi a inscrit à l'actif de Sant'Egidio de beaux succès, à commencer par l'accord de paix au Mozambique en 1992 qui a ouvert la voie à bien d'autres règlements de conflits armés. Sur le terrain humanitaire, la communauté s'est illustrée aussi bien en Italie, dans l'aide aux pauvres et aux minorités marginalisées comme les Roms, qu'en Afrique, où elle est présente dans de nombreux pays. L'action d'Andrea Riccardi a été couronnée par des distinctions internationales prestigieuses, dont le prix Méthodiste pour la paix en 1997, le prix Félix Houphouët-Boigny de l'Unesco pour la Paix en 1999, la Légion d'honneur en 2002, le prix de la Fondation italienne Balzan pour son action en faveur des exclus et de la réconciliation entre les peuples en 2004 et le prix Charlemagne en 2009. R. H. $ Richard Heuzé - Vous êtes, depuis novembre dernier, ministre de la Coopération internationale et de l'Intégration au sein du gouvernement dirigé par le professeur Mario Monti (1). Comment concevez-vous cet engagement ? Andrea Riccardi - N'oubliez pas que je suis aussi ministre de la Famille, des Jeunes et du Service national volontaire (2). Et que je suis chargé de la lutte contre le racisme et contre la drogue ! Dans un cabinet restreint de treize ministres comme celui de Mario Monti, il est normal que les responsabilités se cumulent. Cela dit, la coopération internationale et l'intégration sont naturellement mes champs d'action les plus importants. R. H. - Votre entrée dans le gouvernement Monti a beaucoup surpris. Vous aviez résisté jusqu'ici à ceux qui vous invitaient à rejoindre un gouvernement démocrate-chrétien (3) ou encore à présenter votre candidature à la mairie de Rome. Pourquoi avez-vous changé d'avis ? A. R. - Mon pays traverse une crise très grave. J'étais convaincu que si l'Italie sortait de l'euro, le système européen dans son ensemble serait remis en cause. Je ne le voulais pas. C'est la raison pour laquelle je me suis engagé. À travers ce poste de ministre, c'est un peu comme si j'accomplissais mon service militaire envers ma patrie et envers l'Europe ! R. H. - On dit que le président de la République, Giorgio Napolitano, s'est personnellement attaché à vous convaincre... A. R. - On le dit, en effet. Il m'a reçu plusieurs fois depuis ma nomination. C'est très intéressant pour un ministre de pouvoir rencontrer le chef de l'État en tête à tête, de lui confier ses problèmes et d'expliquer son approche. Son autorité et son expérience me sont très précieuses. R. H. - Mario Monti a été appelé à prendre la tête du gouvernement en novembre 2011 dans un contexte de crise financière aiguë. Il avait pour mandat d'assainir les comptes publics et de rétablir la crédibilité de l'Italie sur les marchés financiers. Diriez-vous qu'il a rempli son contrat ? A. R. - Tout ce qui a été fait jusqu'à présent a permis à l'Italie d'éviter la faillite. En outre, le gouvernement a pris des décisions courageuses qui devraient permettre de parvenir à l'équilibre budgétaire dans un délai conforme aux engagements pris à l'égard de l'Europe. Ces mesures comportent des coupes et des sacrifices budgétaires. Cela ne fait plaisir à personne, bien sûr. C'est pourtant le chemin obligé si nous ne voulons pas que l'Italie perde le défi de la mondialisation. R. H. - Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez dans l'accomplissement de votre mission ministérielle ? Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour avril 2013, qui marquera le terme de la législature ? A. R. - Tout dirigeant qui prend les rênes de l'Italie se trouve face à un système de pouvoir vieillissant, usé, incapable de produire des idées nouvelles et d'exprimer une vision de l'avenir. Le phénomène va bien au-delà de la sphère politique : il concerne l'ensemble de la société italienne et se répercute inévitablement …