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LE RICHELIEU DE TONY BLAIR

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Brigitte Adès - On vous dit l'artisan de la victoire de Tony Blair en 1997...
Peter Mandelson - « Artisan » : le mot me plaît, car il évoque le travail soigné, l'attachement au détail, la dextérité, le dévouement. C'est ainsi, en effet, que je vois ma collaboration avec Tony Blair. Mais, comme vous le savez, dans toutes les grandes entreprises, il y a beaucoup de cerveaux et beaucoup de bras. Je ne suis que l'un d'entre eux.
B. A. - Certains prétendent pourtant que vous avez « fabriqué » Tony Blair...
P. M. - Je pense que le principal artisan de Tony Blair... c'est Tony Blair lui-même ! Par l'originalité de son raisonnement et son sens aigu des valeurs, il se démarquait des autres. Il possédait un talent politique et une compétence naturelle étonnants. Je n'ai fait que lui révéler ses propres vertus.
B. A. - On se demande souvent si l'excellente image du premier ministre et ses talents de communicateur ne dissimulent pas un manque de substance et de conviction...
P. M. - Si Tony Blair n'était qu'un pur produit de marketing, dépourvu de valeurs et de racines, il n'aurait jamais eu un tel impact sur le public. A l'inverse, s'il n'avait été qu'un homme animé par de fortes convictions mais incapable de les faire passer et de susciter l'enthousiasme, il n'aurait jamais obtenu un tel succès politique.
B. A. - Qu'est-ce qui vous a le plus frappé chez lui lorsque vous l'avez rencontré ?
P. M. - Sa franchise et son entrain. Il ne se dérobait pas aux questions et tenait un langage clair, aux antipodes de la langue de bois. Mais, surtout, il manifestait une humanité et une honnêteté peu communes chez les hommes politiques. Étant, à l'époque, directeur de la communication du Parti travailliste, j'ai décidé, malgré sa relative inexpérience, de l'envoyer représenter le parti dans des émissions de télévision. Ancien collaborateur de la London Weekend Television, c'est moi qui l'ai formé aux media. Sans doute me suis-je fait de nombreux ennemis au passage, puisque j'ai contribué à lui donner un avantage sur bien des notables du parti. Mais je le regrette d'autant moins que Tony Blair était, précisément, l'homme providentiel dont le Labour avait tant besoin, et depuis si longtemps.
B. A. - A-t-il su, selon vous, conserver ses qualités une fois au pouvoir ?
P. M. - Oui. L'un des éléments fondamentaux de sa personnalité, c'est qu'il est toujours aussi difficile de faire la distinction entre le Blair « homme politique » et le Blair « être humain ». Il n'est pas obsédé par la vie politique. Chacun sent qu'il aurait pu être tout aussi heureux s'il avait choisi une autre voie. Il n'oublie pas d'être un père de famille, un mari et un ami de cœur. Bref, c'est un homme complet, et je pense que les électeurs le sentent. Dans le travail, il suscite toujours la plus grande loyauté de ses collaborateurs. Il a, certes, ses idées et il aime convaincre ; …