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LES ARMES DE L'EMPIRE

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Par leur violence et leur caractère inattendu, les attaques terroristes du 11 septembre ont bouleversé le paysage stratégique et ont sans doute durablement réorienté les Etats-Unis dans le sens d'une «remilitarisation» des esprits et de l'agenda politique. Décidée à l'automne 2001, l'augmentation très substantielle des crédits de défense entraîne déjà deux effets majeurs: le prolongement de la supériorité militaire américaine à l'échelle globale pour trente ans et le lancement de la réforme militaire tant débattue pendant les années 1990. Il importe de bien prendre la mesure de ce qui est en train de se produire, en examinant le projet stratégique d'origine et les inflexions que les événements des derniers mois n'ont pas manqué d'y apporter. Aux origines: un ambitieux projet stratégique Publiées respectivement en septembre 2001 et en janvier 2002, la QDR (Quadrennial Defense Review ou Revue quadri-annuelle de défense) et la NPR (Nuclear Posture Review) sont l'écho fidèle des conceptions stratégiques dominantes au sein des cercles républicains. Contrairement à l'équipe précédente, l'administration Bush est arrivée au pouvoir avec un ambitieux projet stratégique, qui ne visait à rien moins qu'à rompre définitivement avec les habitudes, les doctrines et les structures de forces héritées de la guerre froide. Bien qu'on ait surtout parlé des défenses antimissiles (MD), les plans américains se sont en réalité toujours inscrits dans une perspective plus large, souvent incomprise en Europe, et qui reliait directement les «MD» à la militarisation de l'espace et à la supériorité «informationnelle». Les habits neufs de la dissuasion Le thème des défenses «stratégiques», c'est-à-dire des systèmes visant à contrer les missiles balistiques, constitue à maints égards une sorte de phoenix dans l'histoire des débats américains. Contrairement à une idée reçue, en effet, les projets initiaux en la matière ne remontent pas à Ronald Reagan, mais aux années 1950: face aux premiers ICBM soviétiques et en réaction à la grande peur générée par le lancement du Spoutnik, les défenses stratégiques étaient d'abord apparues comme un moyen de réduire la vulnérabilité des forces nucléaires américaines. Abandonnés les uns après les autres pour cause d'immaturité technologique ou de gêne doctrinale, les divers projets de défense antimissile, de «Bambi» à «Safeguard», renaissaient perpétuellement de leurs cendres au profit de telle ou telle doctrine stratégique: «limitation des dommages» et protection des villes avec MacNamara; menace de la prolifération nucléaire, tir accidentel et développement de l'arsenal chinois sous Nixon. Pendant toute la durée de la confrontation bipolaire, le problème lancinant des défenses antimissiles fut ainsi intimement lié à la dissuasion nucléaire et à la paralysie stratégique qu'elle entraînait. Là où les plus «faucons» des experts américains attendaient d'un «mixte offensif-défensif» une liberté d'action retrouvée face à l'URSS, les partisans de la dissuasion pure — arms controllers et autres tenants du caractère inévitable de la «destruction mutuelle assurée» (MAD) — voyaient à l'inverse dans la «stabilité stratégique» le premier (et, à vrai dire, le seul) objectif qui satisfasse à la fois à la rationalité et aux contraintes sans précédent induites par les armes nucléaires. Relancée pendant le premier mandat …