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ALGERIE : LE FEU SOUS LA CENDRE

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Où va l'Algérie ? À première vue, la question paraît incongrue. Sortant de plus d'une décennie de sale guerre, le pays affiche la santé financière insolente d'un Eldorado gazier et pétrolier des plus courtisés. Loin, si loin de ces années 1990 où la communauté internationale soutenait déjà le régime... mais du bout des lèvres. « Un moindre mal face au danger islamiste », murmurait-on alors dans les chancelleries étrangères. Celles-ci étaient tétanisées par la barbarie des exactions et l'opacité d'une guerre civile dans laquelle la ligne de démarcation entre barbus et militaires se perdait dans les méandres de maquis où pullulaient les agents infiltrés des services de sécurité.
Boom économique
Depuis, le 11 Septembre a permis au régime de transformer cette guerre civile en « premier affrontement de grande envergure contre le terrorisme international ». Cet alibi légitime de facto ses pires méfaits et l'autorise à mettre en avant l'« expertise » de son armée dans la lutte anti-terroriste. Avec un objectif avoué : s'imposer comme l'État fort de la région, à l'inverse du grand rival marocain vu sans déplaisir entrer dans la ligne de mire des islamistes. Tout est censé attester le « changement » : les étalages de marchandises importées de Chine sur les trottoirs, les chantiers qui envahissent les villes... Le rush des hommes d'affaires étrangers conforte l'idée d'un boom économique : les uns, venus du Golfe, investissent à tour de bras dans le tourisme et l'immobilier ; les autres espèrent arracher de juteux marchés d'équipement aux autorités locales. L'importation de marchandises du Sud-Est asiatique et les spéculations sur le foncier ont généré une classe de nouveaux riches qui ressemblent à s'y méprendre à leurs homologues russes. Ils paradent dans des voitures et des restaurants de luxe, se moquant des effets dévastateurs d'une telle ostentation sur une société élevée durant trois décennies au biberon de la justice sociale et qui renoue aujourd'hui avec des maladies de la misère en principe disparues (1) pendant que dans les centres-villes des hordes de mendiants, souvent des familles entières, dorment dehors. Ces milliardaires, qui transfèrent une partie de leur fortune en Europe, ont érigé l'argent en valeur absolue... et corruptrice des fonctionnaires, des magistrats et des forces de sécurité. Le trabendo - contrebande - a pris une ampleur telle que le secteur informel représenterait 42 % du PIB. Des dizaines de milliers de jeunes se sont ainsi enrichis au vu et au su d'un pouvoir pas mécontent que le business les éloigne de la politique. La frénésie de vivre et de consommer d'une génération qui n'a connu que la guerre ajoute à cette impression de normalité. Ses enfants avaient dix ans en 1992 quand le pays a plongé dans la violence après l'annulation des élections législatives remportées par les islamistes du FIS. C'est cette « sale guerre », ses 200 000 morts - des civils dans leur écrasante majorité - et ses 15 000 disparus que le régime n'a de cesse d'enterrer à coups de référendums sur la « concorde civile …