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SI l'URSS AVAIT SURVECU...

$ Galia Ackerman - Mikhaïl Serguéévitch, j'aimerais commencer par quelques questions consacrées à la période de la fin des années 1980, quand vous siégiez encore au Kremlin. La perestroïka, dont vous avez été le grand architecte, ne se donnait pas pour but de détruire l'URSS mais « seulement » de la réformer en profondeur. Comment vous y êtes-vous pris ?
Mikhaïl Gorbatchev - Il est vrai que nous souhaitions que le pays suive une tout autre voie que celle qu'il a fini par emprunter. Quand nous avons lancé la perestroïka, nous avons agi avec beaucoup de précautions. Nous sommes passés par plusieurs étapes. D'abord, lors du plénum de janvier 1987, puis à la XIXe conférence du Parti en juin 1988, nous avons jeté les bases des réformes politiques qui nous ont permis, ensuite, de procéder à une modification profonde de la structure du pouvoir. Il nous semblait indispensable de progresser graduellement pour régler des problèmes toujours plus importants. Nous voulions apprendre à la société à vivre dans ce que je qualifierai de « pré-économie de marché » et de se familiariser avec la démocratie, la transparence, la liberté d'expression et la liberté de culte. Et même si notre politique nous valait de nombreuses critiques, je gardais fermement le cap : il s'agissait de toujours avancer, de ne s'arrêter à aucun prétexte.
G. A. - Ce pays était une mosaïque extraordinaire. Les Baltes y coexistaient avec les Turkmènes. Or vous souhaitiez absolument sauvegarder l'Union soviétique et le système socialiste. Était-ce réaliste ?
M. G. - Je pense que nous pouvions réussir, même si ce que Lénine et Staline avaient fait du pays avec leur politique des nationalités - qui avait abouti à la modification de nombreuses frontières établies à l'intérieur de l'Union - était une véritable bombe à retardement. Naturellement, certains ont utilisé la liberté que nous leur offrions pour faire avancer leurs exigences nationales. Il ne faut pas oublier que, à l'époque soviétique, la moindre manifestation de nationalisme était très sévèrement réprimée. Nous-mêmes avons commis des erreurs dans ce domaine, je ne m'en cache pas : au Kazakhstan, par exemple, au moment du changement de pouvoir dans cette république, après le départ de Kounaev. Les Kazakhs étaient mécontents, ils sont descendus dans la rue. Quand on m'a rapporté que, dans une heure, l'immeuble du Comité central du Parti communiste du Kazakhstan, devant lequel s'était amassée une foule gigantesque, allait être pris d'assaut, j'ai téléphoné à Kounaev pour lui dire de rétablir l'ordre en une demi-heure. La menace a fonctionné même si, formellement, il n'était déjà plus au pouvoir. Des problèmes similaires sont survenus en Géorgie, dans les républiques baltes, ou encore en Arménie à cause du Haut-Karabakh. Bref, beaucoup de gens étaient désireux d'affaiblir l'État.
G. A. - La destruction de l'URSS était donc inévitable ?
M. G. - Ce n'est pas si simple. Même si le nationalisme ne cessait de progresser dans les républiques, personne - ni en Occident ni chez nous - ne pensait sérieusement que l'Union soviétique allait …