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TAIWAN AU MIROIR DE SON CINEMA

$ Le Lion d'or décerné à Ang Lee en 2007 à la Mostra de Venise pour Lust, Caution (après Le Secret de Brokeback Mountain en 2005) a provoqué une valse-hésitation des autorités taiwanaises, entre fierté et distance critique. Ang Lee n'a-t-il pas choisi d'émigrer aux États-Unis il y a plus de trente ans ? Que penser du retour en terres chinoises de ce natif de Taiwan, diplômé des beaux-arts de l'université de l'Illinois, qui réussit une conversion si flamboyante à Hollywood qu'on lui confia en 1995 l'adaptation du fleuron de la culture anglo-américaine, Raison et Sentiments de Jane Austen, puis la réalisation d'une vulgarisation du film d'arts martiaux, Tigre et Dragon, en 2000 ? Les faits, têtus, incitent au soupçon. Le film, produit aux États-Unis (par Focus Features, le département art et essai de Universal) et tourné principalement dans les studios de Shanghai, véhicule de nombreux clichés sur la Chine des années 1940. On y parle mandarin, cantonais, anglais mais jamais taiwanais. Alors que le cinéaste couronné d'un Oscar pour Le Secret de Brokeback Mountain avait été reçu officiellement par le président Chen Shui-bian en 2006, le succès de Lust, Caution n'est pas même mentionné dans la rubrique des « nouvelles » du cinéma taiwanais publiées par le site internet du Bureau d'information du gouvernement (1). Ang Lee serait-il devenu un étendard gênant ? L'embarras des autorités taiwanaises est signe d'un malaise qui traverse la cinématographie nationale, plus présente sur la scène internationale mais aussi plus éclatée que jamais. Depuis la libéralisation des conditions de production, le visage du cinéma taiwanais a radicalement changé. Il accompagne désormais les doutes de la société taiwanaise. Aujourd'hui, l'étoile de la nouvelle vague taiwanaise s'éteint et le renouveau peine à s'affirmer. Edward Yang a disparu en juin 2007. Il avait les plus grandes difficultés à produire son dernier projet : un film d'animation en collaboration avec Jackie Chan, The Wind (2). Au même moment, Le Ballon rouge (présenté à Cannes 2007 Un certain regard, produit par le Musée du Louvre) de Hou Hsiao-hsien déçoit et la nouvelle génération tarde à se révéler. La dernière édition du festival de Berlin - qui contribua à faire connaître les cinématographies asiatiques en Europe, avec les festivals de Venise et de Nantes (3) - accueillait cette année trois films taiwanais (Soul of a Demon de Chang Tso-chin, Drifting Flowers de Zero Chou et God Man Dog de Singing Chen) sans qu'aucun fasse l'événement. Ce creux de la vague témoigne des conditions difficiles de production des premiers films sur l'île. Il interroge aussi l'identité du cinéma taiwanais. En effet, c'est par ses marges que le cinéma taiwanais semble se renouveler, animé par une force centripète qui reconduit inlassablement la délicate question de l'identité. À l'heure où la France n'en finit plus de célébrer sa Môme Piaf (d'Olivier Dayan), où les professionnels britanniques récompensent le plus conventionnel des heritage films, Reviens-moi de Joe Wright (BAFTA Award 2008), où le voisin chinois s'enorgueillit d'une jeune génération de cinéastes ambitieux (Jia Zhangke, Wang …