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PRINTEMPS ARABE, HIVER ISLAMISTE ?

$ Depuis le début des « révolutions arabes », initiées par des jeunes gens familiers des réseaux sociaux, l'idée dominante est que ces révolutions auraient inauguré une nouvelle ère démocratique susceptible de réconcilier des forces jadis opposées et persécutées : laïques, syndicalistes, progressistes, libérales, islamistes, etc., désormais capables de vivre en harmonie à la faveur d'élections libres permises par la chute des dictateurs. Selon cette thèse, le « printemps arabe » aurait même « vaincu » le salafisme jihadiste plus efficacement que les assauts contre-productifs des GI's américains contre Al-Qaïda en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan. Dans les pays qui ont déjà connu des élections libres (Tunisie, Égypte, Maroc), tout comme dans la Libye libérée, la « menace islamiste » serait désormais un « fantasme » de partisans du choc des civilisations ou de « sionistes ». Car la violence passée ou présente des islamistes du GIA algérien, de la nébuleuse d'Al-Qaïda, du Hamas à Gaza, etc., ne serait, en fait, qu'une réaction à la violence première des dictatures militaires anti-islamistes de Ben Ali, Moubarak, Assad ou Kadhafi, ou des « sionistes » et des « croisés » américains. De sorte que la chute de ces dictateurs plus ou moins laïques et l'instauration de régimes démocratiques issus des révolutions auraient permis l'éclosion d'une nouvelle voie médiane, ni laïque « à l'occidentale », ni islamiste à la Al-Qaïda : celle de l'« islamisme démocratique », voie incarnée par le Parti de la justice et du développement au pouvoir en Turquie (AKP) et par les branches modernistes des Frères musulmans, considérés comme des « modérés » face aux salafistes radicaux ou terroristes. Percées islamistes Qu'il nous soit permis de relativiser cette vision idyllique. Car rien n'est encore dessiné pour le moment dans les pays arabes qui semblent être passés - sans saisons intermédiaires - du « printemps arabe » à un « hiver islamiste ». Première leçon : les élections qui se sont déroulées en Tunisie, au Maroc et en Égypte, fin 2011, ont consacré la défaite des progressistes laïques et des manifestants libéraux de la première heure, moins puissants, moins organisés et moins populaires que les islamistes, révolutionnaires de la deuxième heure, abreuvés de pétrodollars du Qatar, du Koweït ou d'Arabie saoudite. Du Caire à Rabat, les islamistes ont été plébiscités pour leurs programmes anti-corruption et leur actions sociales et parce qu'ils répondent aux préoccupations de tous ceux qui pensent que l'islam politique est « LA » solution. En Tunisie, lors des élections de l'Assemblée constituante du 23 octobre, les progressistes et les libéraux ont été battus par les islamistes d'Ennahda, forts de 40 % des suffrages. Ils ont choisi dans leurs rangs l'actuel premier ministre Jebali, qui se réfère - comme son mentor Rached Ghannouchi, leader du mouvement - au « modèle » islamiste turc et jure qu'Ennahda est devenu un parti démocratique qui n'imposera pas la charià. Il est vrai qu'en Tunisie les islamistes doivent composer avec une société sécularisée, où les femmes bénéficient d'un statut et d'un rôle …