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La diplomatie turque à l'épreuve d'Erdogan

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À force de revirements et de changements de cap, les subtilités byzantines de la politique étrangère turque sous le règne de Recep Tayyip Erdogan, premier ministre (2003-2014) puis président de la République (depuis 2014), sont souvent difficiles à décrypter. Pragmatiques, ses choix successifs et parfois radicaux sur la scène internationale ont été dictés par des impératifs de politique intérieure en fonction de l'agenda électoral et de l'évolution des équilibres institutionnels et partisans à Ankara. En interne comme dans ses rapports avec les pays étrangers, Erdogan rompt les alliances aussi vite qu'il les noue. Chaque fois, il recompose le paysage politique à son avantage, en prenant soin de rester toujours du côté de la majorité et de verrouiller le pouvoir.
Pour l'heure, le président turc est concentré sur la prochaine échéance électorale. Le 18 avril, il a en effet annoncé la tenue d'élections présidentielle et législatives anticipées. Initialement prévues pour novembre 2019, celles-ci sont avancées au 24 juin 2018. À partir de cette date, il en sera fini du système parlementaire turc. Il s'agit, pour Erdogan, d'entériner les réformes constitutionnelles approuvées en avril 2017 par référendum (51 % de oui) et de mettre enfin en place le régime hyper-présidentiel qu'il appelle de ses voeux depuis 2011. Pour lui, ces scrutins sont cruciaux et il compte se reposer sur son alliance avec les nationalistes pour les remporter.


Après la bataille d'Afrin


C'est dans ce contexte que doit être compris le dernier coup d'éclat du chef de l'État turc : le déclenchement, fin janvier, de l'opération « Rameau d'Olivier ». Menée avec l'appui de bataillons de combattants islamistes, cette attaque contre la poche kurde d'Afrin, enclavée au nord-ouest de la Syrie, a été présentée par Ankara comme une tentative de sécurisation de sa frontière visant le groupe « terroriste » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) (une guérilla autonomiste kurde fondée en 1978 par Abdullah Öcalan) ou, plutôt, sa branche syrienne, le PYD (parti de l'union démocratique) et sa milice armée (YPG). Pourtant, l'invasion d'Afrin ne saurait se réduire à une simple opération de sécurité intérieure. On notera que, pour empêcher les éventuelles infiltrations, la Turquie a déjà construit, depuis 2014, une large muraille de béton tout le long de sa frontière avec le « Rojava », le « Kurdistan occidental », nom donné par les Kurdes au territoire autonome qu'ils se sont taillé depuis 2012 dans la Syrie en guerre. La présence de la guérilla kurde aux portes de la Turquie n'est pas nouvelle, et Afrin ne constituait nullement une menace terroriste particulière. Si Ankara avait vraiment voulu détruire les structures du PKK installées à ses frontières, il eût été plus avisé de lancer une offensive dans les monts Qandil (nord de l'Irak) où se trouvent, depuis vingt ans, le commandement et les principaux camps d'entraînement de la guérilla. Ou encore dans la région syrienne de Qamishli où sont concentrés les dirigeants politiques et militaires kurdes syriens, les camps d'entraînement, les ressources pétrolières et les voies d'approvisionnement par l'Irak. Le but, …