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LA LONGUE HISTOIRE DES MALENTENDUS TRANSATLANTIQUES

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Parler, comme certains (1) le font encore, de " malentendus transatlantiques " alors que le désaccord sur l'Irak a conduit l'Alliance au seuil de l'écartèlement relève, au choix, de l'understatement jadis cher à nos amis d'outre-Manche ou de l'humour noir. Reste que, curieusement, ces mêmes mots lénifiants ont été employés, il y a bientôt quarante ans, pour traduire en français le titre du livre de Henry Kissinger sur le Troubled Partnership (2). Or le futur chef de la diplomatie américaine, à l'époque professeur à Harvard, déjà très connu et conscient de l'être, y reprenait l'essentiel de trois conférences données en 1964 au Council on Foreign Relations de New York, en un temps où les relations franco-américaines étaient exécrables et où il y avait beaucoup plus de restaurateurs new-yorkais qu'aujourd'hui pour vider dans le caniveau de bonnes bouteilles de chez nous.
On était alors à un tournant de la guerre froide, qui donnait raison à Tocqueville d'avoir écrit : " Deux grands dangers menacent l'existence des religions : les schismes et l'indifférence " (3). Staline ayant rendu au Diable ce qui lui tenait lieu d'âme, et la détente qui s'était ensuivie aidant, l'emprise des idéologies déclinait à vue d'œil, tandis que Mao et de Gaulle contestaient de plus en plus ouvertement ce qu'ils appelleraient bientôt tous deux des mêmes mots : la " double hégémonie ". Cela dit, l'affaire était autrement grave à l'Est : des incidents armés allaient bientôt se produire sur la frontière de l'Oussouri et il faudra une très nette mise en garde de la Maison-Blanche pour mettre fin à la menace de destruction des installations nucléaires chinoises agitée par Moscou. Comme l'a si bien
résumé le Hongrois Tibor Meray, la querelle oppposait " deux chefs, deux empires, deux niveaux de vie et deux couleurs de peau " (4), et elle allait déboucher sur un renversement de fait des alliances, matérialisé par les visites de Nixon à Pékin et de Deng à Washington.
Rien de tel à l'Ouest. Le Général ne remettait pas l'Alliance atlantique en cause. Il voulait mettre fin à une sujétion dont il redoutait qu'elle n'impliquât automatiquement la France - notamment au Proche-Orient et dans le détroit de Formose, alors en pleine ébullition - dans des conflits qui ne la concernaient pas directement et où, sans qu'elle ait son mot à dire, elle avait tout à perdre. Il avait, à cet effet, secrètement proposé à Eisenhower et à Macmillan, dès son retour aux affaires, l'institution d'une sorte de triumvirat planétaire. S'imaginait-il que les autres signataires du Pacte atlantique consentiraient à ce que fût aussi carrément mise en lumière l'infériorité de leur " rang " ? Bien sûr que non. Mais le refus poli des Anglo-Saxons lui laissait les mains libres et, une fois débarrassé de l'écrasant fardeau de la guerre d'Algérie, il avait lancé une grande offensive destinée à rendre à l'Europe sa puissance et son indépendance, en attendant le jour où, se réunifiant " de l'Atlantique à l'Oural ", elle redeviendrait, sous l'impulsion de …