AF
AR
AR-DZ
AST
AZ
BG
BE
BN
BR
BS
CA
CKB
CS
CY
DA
DE
DSB
EL
EN-AU
EN-GB
EO
ES
ES-AR
ES-CO
ES-MX
ES-NI
ES-VE
ET
EU
FA
FI
FY
GA
GD
GL
HE
HI
HR
HSB
HU
HY
IA
ID
IG
IO
IS
IT
JA
KA
KAB
KK
KM
KN
KO
KY
LB
LT
LV
MK
ML
MN
MR
MS
MY
NB
NE
NL
NN
OS
PA
PL
PT
PT-BR
RO
RU
SK
SL
SQ
SR
SR-LATN
SV
SW
TA
TE
TG
TH
TK
TR
TT
UDM
UK
UR
UZ
VI
ZH-HANS
ZH-HANT

MORALISER LES MIGRATIONS

$

Aude Marcovitch - 191 millions de personnes, soit 3 % de la population mondiale, sont aujourd'hui des migrants. Qu'est-ce que ce chiffre signifie ?

Brunson McKinley - Il signifie que la migration est incontestablement l'un des grands défis du XXIe siècle. Tous les pays de la planète, sans exception, y sont confrontés. La principale raison pour laquelle les migrants quittent leurs lieux d'origine relève d'une logique économique : des habitants de pays en développement partent pour les pays développés dans l'espoir d'y trouver des emplois mieux rémunérés. Alors que la démographie des pays plus riches est en déclin et que celle des pays pauvres continue d'augmenter, ce mouvement apparaît irréversible. Avec un taux de croissance de la population de moins de 0,3 % dans les pays développés, alors qu'il est six fois plus élevé dans les pays en développement, il existe un déséquilibre profond entre l'offre de main-d'oeuvre, insuffisante, et les besoins de l'économie des États les plus prospères. Au cours des années à venir, cette réalité conduira tous les pays à adopter un système de migration plus ouvert mais, aussi, mieux régulé.

A. M. - Pourtant, l'immigration est également perçue aujourd'hui comme une menace : les pays développés cherchent à se protéger des populations pauvres qui y affluent...

B. M. - Ce n'est pas du tout ainsi que je vois les choses. Pour une raison simple : les pays riches ont besoin de travailleurs venant de l'extérieur. Certes, grâce aux moyens technologiques dont ils disposent, ils peuvent dans une certaine mesure réorganiser leur industrie en minimisant les besoins de main-d' oeuvre. Il reste que lorsque l'indice démographique est négatif, lorsque la population en âge de travailler décroît et qu'à l'inverse le nombre de personnes âgées est en augmentation, rien ne peut remplacer les apports positifs de la migration. Si vous désirez que votre industrie soit maintenue à flot, que l'on prenne soin de votre population âgée et que l'on s'occupe de vos enfants (car leurs mères vont travailler), alors vous avez besoin de main-d'oeuvre étrangère.
Prenons le cas de l'Europe : dans les temps anciens, les familles élargies veillaient sur les personnes âgées - lesquelles, d'ailleurs, ne vivaient pas aussi longtemps qu'aujourd'hui. En outre, les femmes ne travaillaient pas. Or à présent, il n'en va plus de même. Du coup, nos demandes de soins pour les aînés ont explosé. Les Européens ont amélioré leur situation socio-économique et ne souhaitent plus travailler dans les institutions pour personnes âgées - une activité très éprouvante, mais qui n'exige pas de hautes compétences. Si vous visitez ces institutions, vous constaterez que l'emploi de la main-d'oeuvre étrangère y est déjà très largement répandu. Ce phénomène va s'amplifier, à moins que l'augmentation des taux de fécondité ne vienne renverser les tendances démographiques des pays les plus riches.

A. M. - Les migrations font partie de l'histoire de l'humanité, mais le mouvement transfrontalier de populations s'est accéléré au cours du siècle dernier. Ce mouvement ne cesse de prendre de l'ampleur, puisqu'il connaît aujourd'hui une croissance de …