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MOSCOU : LE POUVOIR CARNIVORE

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Incorrigibles Occidentaux ! Comme à chaque changement de tsar en Russie, les voilà déjà prêts à retrouver leur optimisme et à lire, dans les premiers mois de Vladimir Poutine au pouvoir, les signes «d'une stabilisation et d'un éclaircissement de l'avenir russe» (1). En France, où les diplomates étaient montés en première ligne, à l'automne 1999 et à l'hiver 2000, pour dénoncer la seconde guerre de Tchétchénie et ses conséquences catastrophiques (2), l'heure n'est plus du tout à la critique, ni même à la réserve. Dans une volte-face justifiée par les impératifs de la realpolitik, on se hâte au contraire d'aller faire concurrence au Britannique Tony Blair et à l'Allemand Schröder, qui avaient pris de l'avance sur le terrain des embrassades diplomatiques avec le pâle et blond Poutine. Brusquement, comme par une contagion inexpliquée, il est devenu de bon ton de souligner, dans les colloques d'experts et les chancelleries, que le slogan de « remise en ordre de l'Etat » forgé par le nouveau président russe est porteur d'espoir pour la Russie (3). Mais on se garde bien de vérifier ce que signifie sur le terrain cette « remise en ordre » bruyamment revendiquée.
Le taux de croissance encourageant enregistré en 2000 - essentiellement grâce à l'envolée des prix du baril de brut - apporte de l'eau au moulin de tous ceux qui, dans un bel élan volontariste, ont décidé de chausser leurs lunettes roses pour « évaluer le risque russe ». La vieille antienne de la «main de fer», dont ne saurait se passer la Russie pour venir à bout de ses démons, est reprise en choeur : avec la poigne de l'ancien officier du KGB Poutine, entend-on de toutes parts, on va enfin pouvoir corriger les effets du capitalisme sauvage et corrompu qui a dévasté la Russie sous Boris Eltsine.
Et gare à ceux qui s'obstinent à donner une vision plus mitigée de la situation russe. Ils seront immédiatement mis dans le même sac que « les journalistes et autres observateurs qui ne présentent la Russie que sous l'angle des mafias ou de la guerre de Tchétchénie ». Dans une France où l'on passe sans transition de la diabolisation à l'angélisme, et où l'on préfère généralement la Russie que l'on rêve à celle que l'on voit, évoquer ces deux thèmes éminemment sensibles relève presque, désormais, de l'indécence. Les « nouveaux optimistes » préfèrent présenter la guerre russo-tchétchène et l'économie de pillage qui sévit en Russie comme des accidents de parcours qu'il convient de laisser de côté pour «ne pas brouiller le tableau de la renaissance russe» (4).
Le problème, c'est que tous ces voeux pieux ne résistent pas à un état des lieux de la Maison Russie. Malgré l'éveil à la liberté et le bouillonnement d'activités d'une nation restée 70 ans prisonnière de la glace idéologique communiste, les conditions d'un réel décollage paraissent loin d'être réunies. L'avenir du grand voisin de l'Est reste caractérisé par une immense incertitude.
Incertitude d'une économie où quelques embellies sur le front de la …