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Trump, Poutine et nous...

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Thomas Hofnung - En 2016, un homme aura fortement pesé sur la scène internationale, notamment au Proche-Orient : Vladimir Poutine. Le président russe suscite des sentiments très contradictoires, dont une certaine fascination, particulièrement en France. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
François Heisbourg - À ce sujet, j'évoquerai ce que j'appelle le « philo-poutinisme », dont on peut distinguer deux types. Le premier est d'opportunité : si vous voulez démontrer que vous êtes « anti-élites », « anti-establishment », « anti-système », vous devez aller à l'encontre de la vulgate du récit occidental. C'est la thèse d'Ivan Krastev dans un récent numéro de Foreign Policy (1) : pourquoi, au cours de sa campagne, Trump a-t-il fait du philo-poutinisme alors qu'il a toujours subi des déconvenues dans ses affaires en Russie ? Réponse : c'était, pour lui, une façon de plus de se démarquer de la position généralement adoptée par les élites dirigeantes du monde occidental, à savoir une allergie instinctive à l'égard des actions de Poutine. Avant d'échouer lors de la primaire, à l'automne dernier, Nicolas Sarkozy a, lui aussi, suivi une ligne philo-poutiniste. Pourtant, quand il a été élu en mai 2007, il dénonçait les exactions commises en Tchétchénie... Il s'agit donc, avant tout, d'un positionnement que je qualifierai d'opportunisme politique.
La seconde forme de philo-poutinisme correspond à des convictions profondes : c'est le cas, par exemple, de Marine Le Pen, dont l'anti-européanisme renvoie au schéma intellectuel hérité des années 1950 et au rejet des notions d'Occident, de démocratie ou encore de fédération européenne - toutes notions qui lui sont profondément étrangères. On en retrouve une variante plus honorable chez François Fillon : c'est le côté de Gaulle à Moscou en novembre 1944 puis en 1965, où la France tente de se ménager un espace de liberté entre les deux Super-Grands. Le problème, c'est que cette approche conduit à se retrouver souvent tout nu sur le bord du chemin pendant que les Grands se réunissent entre eux, comme à Yalta en 1945. Mais il est difficile, en vérité, d'être invité à Yalta si l'on passe son temps à dire du mal de ses propres alliés...
T. H. - La nomination de Rex Tillerson au secrétariat d'État ne tend-elle pas à prouver que le philo-poutinisme de Trump est peut-être sincère ?
F. H. - Nous verrons bien. Trump considère visiblement qu'il y a matière à négocier un « deal » avec Poutine. Mais lequel ?
T. H. - Quels sont, selon vous, les ressorts qui sous-tendent cette fascination pour Poutine ?
F. H. - Un responsable qui réussit tout ce qu'il entreprend, du moins sur la base des objectifs qu'il s'est fixés, c'est impressionnant ! Poutine est capable d'agir rapidement, de façon décisive et avec succès. L'opération en Crimée (début 2014) - une transgression monstrueuse - a été menée à bien sans tirer un seul coup de feu ! Poutine a violé le droit et les pratiques internationaux en Europe, c'est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais si la …