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NOTRE AMI POUTINE ...

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Jacqueline Albert Simon - Depuis le 11 septembre, une nouvelle perception des relations russo-américaines semble prévaloir à Washington : George W. Bush et Vladimir Poutine seraient devenus les meilleurs amis du monde, unis dans la lutte contre la menace terroriste. Professeur Legvold, vous sentez-vous en phase avec cette vision des choses ?

Robert Legvold - Je pense qu'un changement en profondeur des relations russo-américaines est effectivement devenu envisageable et que ce changement a été rendu possible par une inflexion très significative de la politique étrangère russe à la suite des événements du 11 septembre. Je crois, en outre, que le gouvernement américain a commencé, au moins dans un premier temps, à modifier sa propre position vis-à-vis de la Russie pour tenir compte de cette inflexion. Mais de là à affirmer que cette volonté affichée de lutter ensemble contre la menace terroriste globale va nécessairement déboucher sur un nouveau partenariat américano-russe, il y a un pas que l'on ne peut pas encore franchir. Avant d'espérer parvenir à un tel partenariat, il reste des questions très importantes à trancher : d'une part, l'élaboration d'un cadre stratégique acceptable par les deux parties et permettant aux États-Unis de développer leur projet de défense antimissile ; et, d'autre part, le problème de la sécurité européenne — dossier qui comprend celui de l'Otan, de son élargissement et de ses relations futures avec la Russie.
J. A. S. - Au-delà des accolades chaleureuses, quels sont les résultats concrets du sommet de Crawford (1) ?
R. L. - Je crois que l'on peut tirer les leçons de cette rencontre à deux niveaux. A un premier niveau, on peut relever quelques timides avancées, notamment dans la sphère économique : l'Administration Bush a promis aux Russes qu'elle allait essayer d'obtenir la suppression de l'amendement Jackson-Vanik (2) ; elle s'est dit également décidée à obtenir le classement de la Russie dans la catégorie des économies capitalistes dès cette année — condition sine qua non de son entrée dans l'OMC. Dans le domaine stratégique, il faut évidemment mentionner l'annonce par le président Bush d'une réduction unilatérale des stocks d'armes nucléaires (3). Force est de constater, cependant, que sur les dossiers les plus sensibles — défense antimissile, relations de la Russie avec une Otan élargie —, tout reste à faire. Ce qui nous amène au second niveau d'analyse : en l'absence de décisions concrètes sur ces chapitres, n'a-t-on pas enregistré, malgré tout, quelques progrès à Crawford ? Et là, contrairement à la lecture officielle plutôt négative qui a été donnée de ce sommet, il me semble que l'on a pu noter des signaux encourageants. C'est pourquoi je ne serais nullement surpris que le voyage du président Bush en Russie, cette année, soit l'occasion d'un rapprochement des points de vue sur la question de la défense antimissile, en dépit de la dénonciation unilatérale du traité ABM par Washington le 13 décembre dernier.
J. A. S. - A l'offre de réduction unilatérale de l'arsenal nucléaire américain formulée par George W. Bush, Vladimir Poutine a répliqué …