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Joe Biden : une politique extérieure tournée vers l’intérieur

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Pendant la troisième semaine d’août 2021, le monde a découvert un autre Joe Biden. Après le vainqueur triomphant de Donald Trump qui annonçait lors du G7 « l’Amérique reprend sa place à la tête du monde qui partage ses valeurs », il y a eu un homme prostré sur son pupitre pendant une conférence de presse, au soir d’un désastre humanitaire et médiatique qui avait entaché l’image de l’Amérique. Cinq jours avant, Kaboul était tombé aux mains des talibans et, quelques heures plus tôt, 13 soldats américains ainsi que 180 civils afghans avaient été massacrés dans une opération d’évacuation chaotique. Les dirigeants des pays alliés, qui n’avaient été ni consultés ni même informés, ont pu méditer cette phrase bien connue à Washington : « Durant les quatre dernières décennies, Joe Biden s’est trompé sur presque tous les grands dossiers de politique internationale et de sécurité nationale. » C’est Bob Gates, ancien ministre de la Défense sous George W. Bush et Barack Obama, qui l’a écrite dans ses mémoires, en 2014, et qui l’a réitérée lorsque, pendant la campagne présidentielle de 2020, Joe Biden s’est prévalu de son expérience en politique étrangère. Est-ce le jugement d’un rival dépité, ou bien le constat des traces qu’ont laissées les nombreuses prises de position, souvent contradictoires, de l’actuel président au long de ses quarante-deux ans de carrière au Sénat et à la Maison-Blanche ?

Ce que dit le fiasco afghan

De l’expérience, Joe Biden en a sur le papier, puisqu’il est entré au Sénat en 1973, deux ans avant l’année où les États-Unis ont contemplé d’autres images humiliantes : celles de l’évacuation de leur ambassade à Saigon, avec des Vietnamiens désespérés s’accrochant aux hélicoptères en train de décoller. Le 8 juillet 2021, Joe Biden avait assuré : « En aucune circonstance on ne verra des gens décoller du toit d’une ambassade (à Kaboul) ». Il n’y a effectivement pas eu d’hélicoptères, mais on a vu des hommes s’accrocher dans un sursaut de désespoir au train d’atterrissage de l’un des premiers avions évacuant l’aéroport de Kaboul. Que dit cet épisode de la personnalité et de la vision du nouveau président américain ? Parmi les dirigeants alliés, Angela Merkel semble être celle qui a le plus lucidement dépeint cette situation lorsqu’elle a déclaré : « Joe Biden a lancé cette opération pour des raisons de politique intérieure. »

Si on le regarde sous cet angle-là, le retrait désordonné d’Afghanistan n’est pas le résultat d’une absence de calcul mais, plutôt, celui d’un calcul qui a mal tourné. Pendant la campagne de la présidentielle 2020, Joe Biden et Donald Trump étaient au moins d’accord sur une chose : il fallait quitter l’Afghanistan. Sous l’égide du président sortant un accord avait été conclu avec les talibans (à Doha) prévoyant le départ des troupes américaines le 1er mai 2021, mais à certaines conditions qui, faute d’avoir été remplies, le rendaient caduc. Les deux candidats savaient que l’opinion publique en avait assez de cette « forever war » (guerre éternelle), en tout cas la plus longue de l’histoire des États-Unis. Une guerre qui était déjà, à ce moment-là, en train de cesser faute …