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L'Europe au temps du coronavirus

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« Ministre des Travaux publics, ministre des Transports et de l ’Environnement, président du Parlement européen... », commence à énumérer le modérateur d’une rencontre entre Josep Borrell et la presse étrangère en 2017. « Vous avez oublié le poste le plus important, coupe l’invité : secrétaire d’État au Budget quand j’avais 35 ans ! » Un zeste d’humour, un peu de provocation, un reste de coquetterie... et un soupçon de realpolitik. En une remarque, Borrell s’était présenté à ses interlocuteurs.

Ces derniers, à l’époque, s’intéressent à lui parce qu’il est l’un des rares hommes politiques, en pleine offensive de l’indépendantisme catalan, à opposer publiquement ses raisonnements au discours sécessionniste omniprésent dans la riche région rebelle. Dans son livre Las cuentas y los cuentos de la independencia (« Les comptes et les contes de l’indépendance », La Catarata, 2015), ce socialiste catalan installé à Madrid depuis ses études d’ingénieur démonte un à un les arguments et les éléments de langage de ses adversaires. Quand on lui dit que l’Allemagne limite la solidarité entre les Länder, il obtient une lettre de l’ambassade prouvant le contraire. Lorsque les pourfendeurs du centralisme madrilène dénoncent le nombre de péages sur les autoroutes catalanes qui seraient plus élevé qu’ailleurs, il réplique en expliquant que ces infrastructures ont été construites bien avant que l’Andalousie ou la Galice n’en soient équipées... Bref, il agace prodigieusement les séparatistes qui déploient en retour, juge-t-il, une « violence verbale inimaginable » sur les réseaux sociaux. « Ma famille m’a conseillé de ne pas écrire ce livre, me disant que j’allais être mal vu, je n’en ai cure ! », confie-t-il.

Au moment où le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy (Parti populaire, PP) traite le défi séparatiste par l’indifférence de peur de lui donner trop d’importance, Borrell monte au front. Et quand les socialistes, alors dans l’opposition, hésitent entre la fermeté, réputée autoritaire, et l’apaisement, assimilé à la lâcheté, lui s’affiche sans complexes aux côtés des représentants de la droite dans les grandes manifestations anti-indépendantistes de Barcelone.

En avril 1998, Josep Borrell pense avoir fait le plus dur en remportant la primaire socialiste contre le candidat de l’appareil du parti. Mais treize mois plus tard, prenant acte du scandale qui met en cause un ancien proche collaborateur (1), il démissionne et laisse le secrétaire général du PSOE Joaquin Almunia mener la bataille des législatives de 2000.

Est-ce par une ruse de l’histoire ou par esprit de revanche qu’il soutient Pedro Sanchez lorsque, en 2017, ce dernier joue les militants contre les caciques du PSOE ? Toujours est-il que le pari se révèle gagnant. Sanchez, aidé par Borrell, s’impose à la direction du PSOE. Cette campagne victorieuse, couplée à son engagement dans le débat catalan, remet en selle le septuagénaire qui pantouflait au conseil d’administration d’une grande entreprise. Et Sanchez, qui arrive aux affaires en juin 2018 à l’occasion d’une motion de censure contre Mariano Rajoy, ne l’oublie pas.

À l’annonce de sa nomination à la tête du ministère des Affaires étrangères, ses …