AF
AR
AR-DZ
AST
AZ
BG
BE
BN
BR
BS
CA
CKB
CS
CY
DA
DE
DSB
EL
EN-AU
EN-GB
EO
ES
ES-AR
ES-CO
ES-MX
ES-NI
ES-VE
ET
EU
FA
FI
FY
GA
GD
GL
HE
HI
HR
HSB
HU
HY
IA
ID
IG
IO
IS
IT
JA
KA
KAB
KK
KM
KN
KO
KY
LB
LT
LV
MK
ML
MN
MR
MS
MY
NB
NE
NL
NN
OS
PA
PL
PT
PT-BR
RO
RU
SK
SL
SQ
SR
SR-LATN
SV
SW
TA
TE
TG
TH
TK
TR
TT
UDM
UK
UR
UZ
VI
ZH-HANS
ZH-HANT

LA FRANCE, PUISSANCE D'AVENIR

$

À l'aube d'un nouveau mandat présidentiel, notre Rédaction a estimé utile de nourrir le débat sur la politique extérieure française en interrogeant les principaux experts et les principales personnalités politiques de notre pays. Voici, pour inaugurer cette série, les réflexions de Nicolas Sarkozy.Politique Internationale - Pensez-vous, monsieur Sarkozy, que notre politique étrangère appelle de nets infléchissements ?

Nicolas Sarkozy - Il me semble que, jusqu'à présent, nous ne nous sommes pas suffisamment posé une question essentielle : quelle doit être la « colonne vertébrale » de notre politique extérieure ? Non pas qu'il soit souhaitable de faire table rase : à bien des égards, le bilan de Jacques Chirac a été exemplaire. Mais l'évolution du monde nous contraint à préparer certains changements. Bref, je crois le temps venu de doter la diplomatie française d'une « doctrine ». La doctrine ne doit pas empêcher le pragmatisme dans la conduite des affaires. Une doctrine, c'est une vision claire du monde, des objectifs de long terme et des intérêts que nous défendons. C'est un ensemble de valeurs qui guident notre action. C'est ce qui donne, dans la durée, un sens et une cohérence. C'est la condition de notre indépendance.

P. I. - Par quoi commencer ?

N. S. - Par l'Europe, naturellement. L'urgence est de débloquer le fonctionnement des institutions.

P. I. - L'Allemagne a fait de la relance de l'Europe la priorité de sa présidence, qui s'achèvera le 30 juin prochain. On sait que vous êtes en faveur d'un « traité simplifié » qui ne porterait que sur les réformes institutionnelles. N'est-ce pas faire peu de cas de l'opinion des dix-huit pays qui, eux, ont ratifié le texte rejeté en mai 2005 par les Français ?

N. S. - Ce n'est pas ce que j'ai dit, et c'est encore moins ce que je pense. Je me suis battu pendant des mois, tout au long de la campagne référendaire, en faveur du oui. Sur ce point, je n'ai pas changé : je suis pour un traité ambitieux ; mais, pour cela, il faut du temps. Or du temps, nous n'en avons pas. L'urgence, c'est de permettre à l'Europe de fonctionner efficacement à vingt-sept. C'est la raison pour laquelle j'ai proposé que nous adoptions un « traité simplifié » dont l'objectif serait justement de remédier à l'urgence institutionnelle. Ce traité simplifié, j'en ai parlé pour la première fois il y a plus d'un an, à Berlin, puis à nouveau en septembre dernier à Bruxelles. Aujourd'hui, je constate que l'idée a fait beaucoup de chemin parmi nos partenaires.

P. I. - Il n'empêche qu'un certain nombre d'États européens, notamment l'Espagne et l'Allemagne, estiment que les réformes constitutionnelles ne sauraient constituer à elles seules la substance du traité. Écartant l'idée d'un « accord minimal », ils plaident, au contraire, pour une « proposition audacieuse »...

N. S. - Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le traité constitutionnel ne peut entrer en vigueur que s'il est ratifié par tous les États membres. Nous savons …