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La guerre des métaux rares

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Thomas Hofnung - Commençons par le commencement, si vous le voulez bien. Qu'appelle-t-on « métaux rares », et en quoi sont-ils si importants ?

Guillaume Pitron - L'écorce terrestre recèle toutes sortes de métaux, dont certains sont exploités depuis des millénaires. Parmi eux figurent les « grands métaux », qui sont très abondants : le fer, par exemple, constitue à lui seul 5 % du poids de la Terre ! D'autres, relativement faciles à extraire - tels le cuivre, le zinc ou l'aluminium -, sont également utilisés depuis des siècles.

Or il se trouve que les mines d'où ces métaux sont extraits sont polymétalliques : elles contiennent d'autres « petits » métaux - ceux que l'on appelle les « métaux rares ». Ces derniers sont à la fois stratégiques - ils sont essentiels pour l'économie de certains pays - et critiques, car ils peuvent venir à manquer. On les trouve généralement dans des proportions infinitésimales. C'est le cas du néodyme (1), qui est mille fois moins présent dans le sol que le fer.

T. H. - Pourquoi les qualifiez-vous de stratégiques ?

G. P. - Ces métaux rares ont été découverts à l'époque de la Révolution française mais, jusqu'au début des années 1970, on ne savait pas trop quoi en faire. Depuis près de cinquante ans, on a commencé à leur trouver des applications technologiques. On en distingue une trentaine : indium, gallium, germanium, béryllium, cobalt... Ceux qu'on appelle les « terres rares » sont une sous-catégorie de ces métaux rares : elles sont au nombre de quinze (on peut citer le samarium, le lutétium, le néodyme)...

Ces métaux sont, en quelque sorte, dotés de « super-propriétés ». Grâce à eux, les technologies de pointe sont plus efficientes. On pourrait s'en passer, mais il faudrait plus de matière, plus de fer notamment. Ce sont, d'une certaine façon, des vitamines pour les technologies. Avec ces métaux rares, on obtient un produit vingt fois, trente fois plus puissant pour la même quantité de métal. Avant l'utilisation des métaux rares, nos téléphones portables arboraient la taille d'une brique. Ce sont ces « nouveaux » métaux qui ont rendu possible la miniaturisation (2).

Le néodyme, par exemple, entre dans la composition des aimants permanents qui font vibrer nos téléphones ainsi que des écrans tactiles de nos mobiles (avec l'indium). Le lithium est essentiel pour les batteries des voitures électriques. Pour résumer, disons que, compte tenu de notre mode de vie, nous ne pourrions pas vivre une journée, ni même une heure, sans ces métaux rares.

T. H. - Pourquoi parle-t-on, à leur propos, de « pétrole du XXIe siècle » ? La comparaison est-elle pertinente ?

G. P. - Le terme est certes impropre, car il ne s'agit pas de combustible. Au contraire : on va remplacer le moteur thermique qui consomme du pétrole et dégage du CO2 par de nouveaux moteurs électriques fabriqués justement grâce à ces métaux. Ils deviennent de plus en plus indispensables à mesure que la transition énergétique progresse.

Pour …