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LA QUESTION RUSSE

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Jacqueline Albert Simon - Docteur Brzezinski, il y a près de dix ans, nous vous avions demandé quels seraient les principaux défis internationaux que devraient relever les États-Unis dans les années 90. Vous aviez répondu : la transition dans les pays post-communistes ; la stabilité au Moyen-Orient ; l'Extrême-Orient (1). Qu'est-ce qui a changé depuis dix ans ?
Zbigniew Brzezinski - Certaines de ces questions sont peut-être moins urgentes. Les enjeux de la transition post-communiste apparaissent plus clairement aujourd'hui. Nous savons à peu près, désormais, qui est susceptible de réussir la transition et qui ne l'est pas. La Chine, mais aussi l'Asie orientale en général demeurent une priorité. Ne serait-ce que parce que nos relations avec Pékin et Tokyo sont liées. Et puis, il y a la problématique coréenne. Quant au Moyen-Orient, c'est un souci permanent. En revanche, j'attacherais une plus grande importance qu'il y a dix ans à la question de nos relations avec l'Europe. Ces relations sont devenues plus compliquées.
J. A. S. - En tant qu'historien, spécialiste de la Russie et ancien Conseiller pour la sécurité nationale du président des États-Unis (2), quels conseils donneriez-vous à l'Occident ? Doit-il poursuivre sa politique de coopération avec la Russie ou considérer celle-ci, à l'instar de certains membres de l'équipe Bush (3), comme une menace potentielle ?
Z. B. - Je présenterais les choses un peu différemment. La Russie n'est ni le partenaire prometteur attendu par tous ceux qui, ces dernières années, parlaient d'un partenariat stratégique américano-russe, ni un État menaçant comparable à ce qu'était jadis l'Union soviétique. En fait, c'est plus un problème qu'une menace. Moscou peut contribuer à l'aggravation des difficultés internationales, soit en conduisant des politiques malavisées et à courte vue envers l'Iran, Cuba ou l'Irak (4), soit en manifestant une agressivité excessive envers certains de ses voisins (la Géorgie, l'Ukraine, etc.). Mais la Russie ne représente plus un danger majeur.
J. A. S. - La situation économique et sociale russe, la corruption, l'état désastreux du système médical vous inspirent des propos assez alarmants. Comment concilier votre diagnostic avec votre souhait de voir Moscou se rapprocher de l'Europe ?
Z. B. - Là encore, il faut bien distinguer problèmes et menace. La Russie ne peut surmonter ses difficultés qu'en se liant de façon plus constructive à l'Europe. Et l'ampleur de ces difficultés me renforce dans l'idée que la Russie n'a pas le choix. Elle ne saurait défier les États-Unis puisqu'elle n'est plus une puissance mondiale. Elle ne peut forger une véritable alliance anti-américaine avec la Chine, car les deux pays n'ont pas grand-chose à s'offrir. En outre, je ne pense pas que les Chinois soient intéressés par une telle alliance. Moscou, enfin, n'est pas en mesure de re-créer l'Union soviétique, sauf à s'embarquer dans une aventure militaire et politique si hasardeuse que, en comparaison, la Tchétchénie ferait figure de plaisanterie. A mon sens, l'alternative qui s'offre à la Russie est la suivante : soit elle s'enfonce dans la stagnation, avec tous les risques que cela comporte, y …