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Une "chancelière" pour l'Allemagne

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Jean-Paul Picaper - Madame Merkel, si vous étiez à la place de M. Schröder, feriez-vous mieux que lui ?
Angela Merkel - Évidemment ! Voyez-vous, la grande erreur du gouvernement en place, c'est de ne pas savoir expliquer aux gens en quoi le contexte mondial rend telle ou telle réforme nécessaire. La population n'a pas de vue d'ensemble, elle ne perçoit pas ce " fil rouge " qui doit passer à travers la politique. J'ajoute que, dans des domaines comme l'amélioration de la compétitivité, l'assouplissement du marché de l'emploi, la sauvegarde de la rentabilité des caisses de retraite et de maladie, voire la modernisation de la défense, le Parti social-démocrate offre des recettes qui auraient fait son succès dans la société industrielle du début du XXe siècle ! Comment voulez-vous qu'il soit à la hauteur des exigences du monde contemporain ? Le gouvernement tâtonne jusqu'à ce qu'il ait trouvé la bonne solution : je dis, moi, qu'il faut cesser de faire de 80 millions d'Allemands les cobayes de M. Schröder.
J.-P. P. - L'Allemagne était la locomotive de l'Europe. Elle en est devenue la lanterne rouge. La faute à qui ?
A. M. - Il est bien difficile de désigner un coupable ; mais ce qui est sûr, c'est que l'actuel gouvernement rouge/vert, comme nous l'appelons, n'a pas arrangé les choses. Il est vrai que la coalition chrétiens-démocrates/libéraux qui gouvernait l'Allemagne avant M. Schröder avait un peu tardé à adopter les mesures nécessaires. Mais ce gouvernement était tout à la joie d'avoir vu se réaliser la réunification de l'Allemagne ; de plus, il se trouvait mis en confiance par la réussite de l'économie sociale de marché tout au long des années 1960, 1970 et 1980. En tout cas, dès que le SPD a gagné les législatives de 1998, il s'est empressé de faire machine arrière et d'abroger nombre des réformes que le gouvernement précédent avait mises en œuvre - notamment dans le domaine de la santé publique, des pensions et des retraites, de la réglementation en matière de licenciements... Pour faire court, je pense que M. Schröder et son équipe ont laissé passer beaucoup de temps avant de prendre les mesures qui allaient dans le bon sens et que ce retard s'est cumulé avec celui qui avait déjà été pris : tout cela explique que les Allemands aient affronté le défi de la mondialisation bien plus tard que les autres pays industrialisés.
J.-P. P. - Y a-t-il des pays européens dont la réussite vous inspire un respect particulier ?
A. M. - L'obstacle, me semble-t-il, réside dans la différence de situation des pays avant qu'ils n'engagent les réformes nécessaires. Les petits pays sont dans une situation qui leur confère plus de facilité pour réaliser ces réformes. Voyez la Hollande, le Danemark, l'Autriche ! Voyez comme ils progressent ! À cette liste, il faut ajouter les pays qui ont un furieux désir de mieux vivre, qui ont faim de progrès. Je les appelle les " pays gourmands ". Je pense, en …